samedi 16 octobre 2010

Impressions cinématographiques

Je n'ai pas répertorié mes impressions après avoir assisté à une séance des Amours Imaginaires.
Pourtant, ce film, vu il y a une dizaine de jours, m'a littéralement charmé.
Il ne raconte pas grand chose : seulement les illusions sentimentales de deux amis concentrées sur un même jeune homme, parfait saint-nitouche masculin. Seulement, c'est extrêmement bien mis en image et en musique.
Xavier Dolan, le réalisateur-acteur, a 21 ans et un talent presque agaçant. Certes, il semble pomper quelques inspirations scénographiques de maîtres du genre : Wong Kar-Waï et Almodovar ne sont parfois pas bien loin. Mais les références (dont il se défend, presque bizarrement je trouve) sont bien utilisées.
Et l'ensemble est intelligent et poétique.
Je n'ai pas vu son premier film, impossible donc de dire si je retrouve une patte.
A l'inverse, Woody Allen, l'insatiable réalisateur nous sert avec Vous allez rencontrer un grand... (titre définitivement non mémorisable) nous sert du pur Woody Allen. 1h40 de petites scènes pleines de verbiages, un narrateur, des héros névrosés et à la morale forcément douteuse, des égocentriques souvent, le tout dans une lumière sépia (est-ce parce que l'histoire se déroule en Europe ? Il me semble que la Barcelone de Vicky, Christina, Barcelona baignait dans la même atmosphère). Pas mal mais beaucoup moins rafraîchissant.
On me souffle dans l'oreillette que je frise l'insolence en n'ayant pas encore vu des Hommes et des dieux...

Petite scène parisienne

Paris se fait le théâtre de scènes parfois contradictoires.
D'un côté, touristes et gourmands se pressent chez Ladurée pour une réglette de macarons dans les beaux quartiers. Les vitrines flambent sous les éclats de vêtements hivernaux aux étiquettes souvent exhorbitantes.
De l'autre, lycéens, syndiqués, salariés battent régulièrement le pavé depuis plusieurs semaines maintenant. Les températures baissent mais la grogne ne faiblit presque pas.
Dans les couloirs du métro parisien, entre deux escalators, j'ai croisé un monsieur d'un âge certain. Il portait une chemise totalement recouverte d'autocollants aux couleurs des syndicats les plus connus. Alors que je montais, qu'il descendait, je le vis zipper pudiquement sa veste, cacher ses prises de position. Il avait manifesté et retournait sans doute à ses pénates, rangeant sa colère derrière une mince couche de tissu beige.

lundi 27 septembre 2010

La grève des égoutiers

En ce lundi 27 septembre, alors qu'une ambiance studieuse et tendue planait dans nos bureaux modernes, s'installaient de l'autre côté de la rue la camionnette, les enceintes et les banderoles de la CGT des égoutiers.
Une dizaine de messieurs réunis simplement et le chant des partisans qui résonne et fait vibrer les gaines des hauts parleurs.
Il y a un gouffre béant entre nous, salariés pour la plupart hyper-éduqués et ces ouvriers. Le pénible travail que nous sommes inconsciemment bien contents qu'ils fassent ne demande pas le +5, sésame de ceux que nous sommes, de l'autre côté de la vitre. Ils se révoltent quand par chez nous, la moindre vague de rébellion est de mauvais ton.
La musique, près d'une heure durant, transperce nos parois de verre. Je vois trois personnes de l'immeuble d'en face, sortis regarder ce qui se passe. Ils fument une cigarette et entonnent les refrains populaires qui montent jusqu'aux cieux. Ils sont au 7ème, comme moi, mais de notre côté, les fenêtres ne s'ouvrent pas.
Le gouffre se matérialise soudain en cette fine paroi de verre.
Plus tard, le calme est revenu, rien que le trafic habituel et l'activité de la rue. Les égoutiers sont repartis.

dimanche 26 septembre 2010

Le Chibby's

Pas grand chose de tentant dans le réfrigérateur et pas non plus l'envie de reprendre le métro, un soir de paresse généralisée. A quelques encablûres de chez nous, Chibby's diner, un autre restaurant de burgers parisiens.

La décoration est nettement moins recherchée que chez Katz deli ou H.A.N.D, nous ne sommes pas dans les quartiers branchés parisiens et l'on sent que cet aspect des choses a nettement moins d'importance. La clientèle est hétéroclite : deux bandes de copains, des familles parisiennes bien comme il faut, mère au chic naturel "à la française", ados aux sweats américains Abercromie & Fitch, enfants blonds peignés sur le côté et un ou deux couples, dont nous deux.

La carte est un peu fouillis aussi, ce ne serait pas de trop que de leur donner quelques conseils en communication mais l'on s'en sort, nous commandons deux burgers. Le service est rapide et poli, juste ce qu'il faut. Dans l'assiette, c'est une excellente surprise ! Chaque ingrédient a du goût, la viande est juteuse sans être trop grasse, c'est très bon.

En dessert, sur la recommandation du serveur, nous partageons un milk shake beurre de cacahuète-chocolat. Raahhh... Ce n'est pas le comble de l'élégance gustative mais qu'est-ce que c'est bon !

En conclusion, une sper petite adresse de notre quartier ou pour 10 euros l'on déguste un très honnête burger.

dimanche 19 septembre 2010

Déjeuner chez Assaporare

On ne va pas chez Assaporare par hasard.
Surtout parce qu'ils ont des horaires d'ouverture impossibles et que si l'on s'y rend comme ça, au débotté, l'on risque fort de se trouver dépourvu.
On se rend chez Assaporare bien renseigné et désireux de tester une cuisine italienne simple mais goûteuse grâce à la grande qualité des ingrédients garnissant l'assiette.
Mozzarella fondante, ravioli moelleuse, involti di terra intéressante, dessert extra, une couche de chocolat, une couche de châtaigne, une couche de café... Pas trop copieux, juste ce qu'il faut. 14 euros la formule déjeuner, entrée-plat ou plat-dessert, c'est impeccable et l'on abandonne sans mal ses tickets resto sous les incantations de nos papilles séduites. Un regret seulement : cette avalanche de suppléments qui s'abattent sur l'ardoise, réduisant la formule à peu de possibles. Un défaut très parisien dans cette bonne adresse italienne.

Juliet, Naked

L'éditeur eut la bonne idée de ne pas traduire le titre du dernier opus de Nick Hornby. "Juliette, toute nue", ça n'aurait peut-être pas eu la même touche. "Juliet, Naked" est un titre quasi évident pour un auteur qui dépeint généralement les déboires des humains en soignant l'environnement musical.
Je m'amusais à scander le titre, devenu petit gimmick, "Juliet, Naked" sonne bien, 4 syllabes bien accentuées.
Il est parfois difficile de comparer deux opus d'un même auteur, en ce sens que l'on le lit à deux moments très différents de son existence. Je me souviens avoir énormément aimé "Haute Fidélité", beaucoup moins "Vous descendez", aussi, mention spéciale pour "Une éducation" dont je me suis régalée de la version cinématographique.
Nick Hornby n'est pas l'un de mes auteurs fétiches mais je lui reconnais un talent certain. Il est consensuel et ne bouleverse pas de sa prose le monde littéraire certes... mais possède un style dans lequel il excelle, un crédo : les désillusions de l'âme en musique.
"Juliet, Naked" ne déroge pas à la règle mais l'auteur, arrivé peut-être lui-même à un stade de la vie où l'on prend ce qui vient avec flegme (d'ailleurs Tucker Crowe a beau être le héros américain du roman, je lui trouve une sacrée touche britannique) le bon comme le mauvais, transmet ce calme teinté de fatalisme à l'ensemble de ces personnages. La petite galérie d'hommes et de femmes formant le noyau dur de l'intrigue, Tucker, Annie, Duncan, Jackson, Malcolm, âgée de 6 à 70 ans, semblent tous bien loin de toute dérive hystérique.
Ce sentiment  omniprésent se transforme en atmosphère teintant quasi toutes les pages du livre. "Juliet, Naked" se lit avec plaisir mais sans exaltation. On a bien sûr envie de savoir quel sort subira surtout Annie, quand on est femme peut-être. Annie, cette quadragénaire qui se réveille un peu tard d'une léthargie généralisée...Mais Nick Hornby n'offre à son héroïne que de très réalistes solutions. Peut-être est-ce mieux ainsi ?

dimanche 5 septembre 2010

Défaire ses bagages

Les vacances sont terminées et dès demain s'écrit un nouveau chapitre.
Juste le temps de défaire les bagages et d'en extraire les indices de l'été écoulé, pêle-mêle : rochers, plage, soleil, rosé, villages, baignades, voile, scooter des mers, barbecue, Verdon, desperados, nutella, crème solaire, vieilles pierres, torrent, combishort, vagues,moustiques... et méduses !

mercredi 1 septembre 2010

L'été des méduses

Drôle d'animal que la méduse, crainte par tous les estivants, qu'ils soient du genre à pratiquer de modestes trempettes ou nageurs chevronnés. Ce n'est pas bien joli, ça ne nage pas, ça flotte seulement. N'empêche que les méduses sont craintes et entretiennent nombre de discussions au bord de l'eau.

Elles font partie du tableau estival auquel je donne quelques derniers coups de pinceaux avant de retourner à mes pénates.
Les rejoignent dans le cadre les chanteurs et musiciens uniques de la côte sud-est française. A Gourdon, petit village perché sur un piton rocheux, sévit Roger Chaupin - sans doute même pas un nom d'emprunt - et devant son échoppe s'agglutinent les touristes bizarrement hypnotisés. Roger, comme le racontent les vieux articles de Var et Nice Matin scotchés sur la vitrine, est un compositeur habité. De ses observations de la nature aux alentours de Gourdon,  découlent des morceaux de synthétiseur incroyables (oui mais dans quel sens ?). Roger Chaupin vit avec son temps : après une collection de CD (Nuages, rêve, neige de leurs titres respectifs), il s'est lancé dans les DVD, plaquant sur sa musique des plans séquence des environs.
Il y aussi Claude et Marylou et leur album Naturel, dont j'imagine qu'ils ont pour idoles Sonny et Cher, Stone et Charden. Je les découvre au sortir de courses chez Leclerc, leur affiche placardée derrière les caisses du supermarché.  Je leur trouve une place dans ma peinture estivale, sans aller pourtant jusqu'à me plonger dans leur univers. Je m'en passerai, leur photo en dit suffisamment.

Un autre jour, les rejoint la dame allongée sur la banquette du TER qui longe la côte. Elle a une soixantaine d'années et l'air très fatigué. Elle a pris trois fauteuils pour s'étendre et a retiré ses sandales. Je me demande si c'est pour ne pas abîmer les fauteuils ou par confort personnel. Je me permets d'être indiscrète comme elle a les yeux clos et la regarde un peu. Il est 9 heures du matin à peine et je m'interroge sur elle... Son visage porte les rides d'une lassitude certaine.

A des kilomètres de cet épuisement, habite, perché dans un petit village qui domine la baie, un couple propriétaire d'un mas dont ils ont fait un gîte charmant, un havre de paix magnifique. Transpire de ces deux là une enviable sérénité pour la fille des villes toujours trop stressée que je suis sans doute. Ils s'habillent tous deux de couleur sable, terre, grès, beige comme pour renforcer un certain ascétisme face à la consommation et la simplicité de leur rapport à l'existence. Enfin, c'est ainsi que je l'analyse.

Dans un genre différent, il y a cet autre couple qui se marie à Gourdon le jour où l'on y passe et qui se sacrifie ainsi que ses invités à la traditionnelle séance photos dans les jardins Le Nôtre du château minuscule. Les pauvres suent à grosses gouttes et semblent empêtrés dans leurs tenues d'apparat.

Mais ce sont les méduses qui tiennent la vedette de cette riche distribution de mes vacances. Elles sont là quasi chaque jour et quand ce n'est pas le cas, on les guette prudemment. Elles ne gâchent rien tant qu'elles ne piquent pas et créent donc un sujet de conversation dans tous les cercles et entre toutes les générations.

vendredi 13 août 2010

La plume majestueuse d'Edith Wharton

"Etait-ce l'amour, se demandait-elle, ou simplement une combinaison accidentelle de pensées et de sensations heureuses ?"..."Il est moins mortifiant de se croire impopulaire qu'insignifiant, et notre vanité préfère voir dans l'indifférence une forme latente d'inimitié"... "Mais l'idéaliste quand il est soumis à de vulgaires nécessités, doit employer des esprits vulgaires pour tirer des conclusions auxquelles il ne peut s'abaisser en personne..."...

Ce ne sont là que d'extraits choisis au hasard parmi les pages denses du roman d'Edith Wharton, "Chez les heureux du monde" ou "The house of mirth" dans sa version originale, d'infimes morceaux d'une oeuvre dont s'exhalent mille et un parfums, du plus raffiné, poudré au plus incommodant, puant.

 J'avais d'Edith Wharton un souvenir brumeux, provenant d'une première année de fac d'anglais, l'étude d'Ethan Frome. Je ne me souviens pas de grand chose mais tout de même du plaisir causé par cette lecture obligatoire.

Lily Bart est une héroïne étrange en ce sens que l'on ne l'aime ni ne la déteste, qu'elle est formidablement et affreusement humaine, en relief, vivante entre ces pages. Ces contradictions, sa superficialité, sa vanité et son sens moral tisse le squelette de la banale complexité qui définit l'être humain.

Edith Wharton dépeint avec merveille la société new yorkaise du début du XXème siècle. Loin d'être une experte en la matière, je prétends pourtant percevoir combien l'auteur réussit avec un indiscutable talent à donner vie à l'environnement comme au personnage.


Et la réussite de l'oeuvre ne s'arrête pas là. Au-delà de bâtir cette réalité palpable pour le lecteur, même en 2010, la netteté des contours et des contrastes de la vie de l'époque et des figures fortes de héros empêtrés dans de lourds carcans, Edith Wharton insuffle une poésie extrêmement raffinée à son récit. La valse lente de Lily, Selden, Gerty Farish, des Trenor, de Rosedale nous entraîne sans discussion possible avec eux et serre bien souvent le coeur.

dimanche 25 juillet 2010

Deux lectures

 "Les Corrections" de Jonathan Franzen et "Tu seras une femme, ma fille", se sont succédés ces derniers temps sur la table de chevet. Une recommandation et un prêt. Deux ouvrages à l'opposé l'un de l'autre.

"Les Corrections" est un excellent roman que j'ai regretté de lire en français après avoir remarqué à plusieurs reprises que l'on statuait sur une traduction en deça de la version originale. Eh bien, même ce français décevant a réussi à me convaincre. Franzen écrit un roman dense, autour de 5 personnages principaux où chacun devient tour à tour le noyau de l'histoire, chacun a sa part égale du gâteau littéraire qu'il cuisine.
"Tu seras une femme, ma fille" est la fiction biographique de Nathalie Rykiel, fille de et héritière donc d'une petite entreprise de mode parisienne ayant bien fructifiée. Et entre ses pages, elle se vautre allégrement. Il y a quelques personnages secondaires : ses 3 filles, son ex-mari, sa mère bien sûr et quelques autres mais ils ne sont là que pour renvoyer une image déformée à Mme Rykiel fille, tour à tour mère, épouse, amante, amie et fille.
D'un côté les américains caricaturaux du Midwest et de l'autre les clichés germano-pratins.
De deux côtés de l'Atlantique, des histoires de famille comme les autres, c'est-à-dire uniques. Les Lambert sont fictifs mais au fond bien plus réels que Nathalie Rykiel, les Lambert sont contradictoires, névrosés, secrets, rongés par des conflits latents et les antagonismes de leurs personnalités. Les Lambert sont bon nombre de familles d'Amérique et d'ailleurs.
A la lecture de ces lignes, l'on peut déduire que la balance de mon plaisir de lectrice a nettement penché vers "les Corrections". Ce n'est pas inexact mais il serait faux de dire que je n'ai trouvé aucun intérêt au livre de Nathalie Rykiel. Si l'on maîtrise et accepte les codes du minuscule univers parisien dans lequel elle évolue, l'on est tout prêt à trouver un peu de grâce et de poésie dans son (?) écriture. Ces pages sont le reflet d'un Narcisse à la plume habile. Les pages se tournent et distillent le parfum Rykiel Rose.
"Les Corrections" sentent fort une fête de Noël dans une maison poussiéreuse du Midwest. Moins classe mais peut-être plus intéressant.

Carte postale stambouliote


Ce cliché est l'un de mes favoris de ceux saisis à Istanbul. Au détour d'un passage, nous tombâmes en arrêt devant la vitrine de ce coiffeur. Il était à l'extérieur de sa boutique, entrain de discuter avec ses comparses et peut-être d'entamer une partie de backgammon. Diplomates, nous lui demandâmes l'autorisation de saisir son salon. Il se glissa, à notre bonne surprise, dans le cadre.
Cette photo fige un aperçu d'Istanbul telle que nous avons aimé la découvrir. Au-delà des merveilles de l'histoire, la capitale turque bouillonne et existe via un subtil équilibre entre modernité et traditions préservées.

lundi 12 juillet 2010

La pomme, toujours la pomme

Je grince des dents devant la dernière publicité pour l'Iphone 4. Si l'ingéniosité du produit n'est plus à débattre, je mature complètement du marketing outrancier auquel cherche à nous soumettre le service comm de Steve Jobs.

Car, chez Apple, c'est décidé, la version 4 séduira même les plus réticents, les anti-geeks, ton petit cousin de 4 ans, ta grand-mère de 90, plus personne ne pourra résister. En 1 minute 30 secondes, le film publicitaire présente plusieurs scènes de vie en visiophone, grâce à cette toute nouvelle version équipée d'une caméra que l'on peut utiliser en téléphonant.
L'Iphone relie ainsi une mamy qui applaudit sa petite-fille habillée et coiffée pour la remise des diplômes américains - ce qui sous-entend que mondialement l'on reconnaît les codes made in US d'ailleurs -, un soldat musclé, coincé dans son baraquement qui assiste à la première échographie de sa compagne (eurasienne) et enfin le summum, deux jeunes gens sourds et muets entrain de flirter... merci l'Iphone !

A quand la version 5 pour les manchots ? Apple peut bien trouver une solution. Le cynisme m'étouffe peut-être mais là, non vraiment, les mecs, sérieux... ça va trop loin !

lundi 14 juin 2010

Le taxi la nuit

Confortablement adossée à l'arrière du taxi qui me ramène à douce allure vers mon home sweet home, je me délecte des perspectives d'un soir de juin à Paris.
Sous mes yeux charmés, défile la capitale des cartes postales et je ne boude pas mon plaisir.
Là, un jeune couple assis et enlacé sur le pont à côté de Bir Hakeim, admire de concert l'immense Tour Eiffel habillée de lumière. La dame de fer toute orangée me paraît incroyablement  immense ce soir alors que la Seine draine ses bateaux mouche à leur rythme de croisière.
Aux arrêts de bus, les publicités me ramènent au présent, l'Ipad s'affiche à chaque station ou presque. Se succèdent oeuvres d'art et mannequins endimanchés sur le Boulevard St Germain. La brasserie Lipp fait salle comble et les terrasses des cafés moins renommés ne sont pas en reste, parisiens et touristes ont investi en cette douce soirée le moindre espace de macadam disponible. Odéon bruisse encore, les salles de cinéma et théâtre se vident à peine, deux femmes choisissent avec précaution leurs bonbons devant la station de métro.
Un autre couple se rêve capturé peut-être par Doisneau et échange un baiser à un carrefour aux abords du boulevard St Michel.
Une pancarte me remémore que les serres du Jardin des Plantes ont rouvert et je trouve la Gare d'Austerlitz très bien mise en lumière.
Une mère traîne son enfant par la main et porte au bout de celle qu'elle a de libre un énorme ballon...
Je suis séduite par ce spectacle de la rue. Paris ne se résume pas à ces clins d'oeil façon Epinal, je le sais bien, néanmoins je profite de ces images comme de petits trésors de rien.

 A tel point charmée que malgré l'heure tardive, me prend en rentrant le besoin irrépressible de coucher quelques notes ici bas. Bonne nuit Paris.

dimanche 13 juin 2010

Un certain regard

En sortant de la séance de "Dans ses yeux", mes sentiments étaient mitigés. Je n'étais pas tout à fait convaincue, finalement assez partagée entre un certain sens critique que j'essaie d'avoir et de forger peu à peu et la partie émotionnelle, ce qui ne se mesure pas à l'aune de critères tangibles comme la photographie et la mise en scène

Nommé meilleur film étranger aux Oscars 2010, "Dans ses yeux" porte bien son titre; en effet une affaire de regards. D'abord et surtout, celui de l'acteur principal, Ricardo Darin, bleu intense, tour à tour las, amoureux, furieux. Mais aussi ceux qu'il échange avec son supérieur hierarchique dont il est follement épris mais pour laquelle il s'estime, à tort, si peu à la hauteur. Et puis c'est celui d'un réalisateur, Juan Jose Campanella, qui se sert d'une intrigue de type suspense pour creuser plusieurs thématiques : le pardon, le souvenir, la vengeance.

Il y a quelques incongruités comme le passage de l'arrestation du méchant de l'histoire, un plan séquence filmée caméra à l'épaule qui contraste violemment avec la lentille discrète qui caresse les personnages le reste du film.

"Dans ses yeux" est un film d'un genre classique mais avec un charme indéniable, comme s'il dégageait un parfum envoûtant, enivrant capable d'absoudre ses défauts, l'histoire d'amour parfois trop sirupeuse,  quelques lenteurs et un ultime rebondissement que l'on sent venir.  Imparfait oui mais séduisant, comme le héros du film en quelque sorte.

Carte postale touquettoise


Entre le moment où l'on foule le sable fin et celui où l'on atteint l'écume de l'eau, il a fallu marcher quelques bons mètres. De franches enjambées vers la mer ont permis d'effacer toute trace de quelconques pensées parasites.La foule, le métro, le stress, la vie à un rythme haletant se sont mis à distance et l'on s'est retrouvé face à soi devant cette immense étendue bleue salée.

dimanche 30 mai 2010

L'épate

Vendredi, le 28 mai 2010 était le jour de la sortie officielle en France de la dernière innovation d'Apple : l'Ipad.

Que celui qui a raté l'information se démasque ! Aucune une de quotidien n'avait fait l'impasse sir la nouvelle et radio, télé, internet n'étaient pas en reste.

Je ne suis pas la cliente potentielle d'un tel appareil. Je vois là un accessoire de luxe pour technophiles avertis et dotés de moyens adéquats. J'admire la prouesse technologique néanmoins.
L'Ipad me fait penser à un objet sorti tout droit du tournage d'un film futuriste tourné dans les années 90. Comme la machine à vernir les ongles automatique de Total Recall (on a les références qu'on peut).

Ce qui me rend très curieuse est la réussite médiatique de la chose. Les articles paraissent dans tous les supports, quelque soit leur lectorat, quelque soit leur fréquence de parution et l'on convoque des experts de tout poil à se prononcer sur l'Ipad. On prédit déjà l'ampleur des ventes pour la fin de l'année (400 000 en France). Un communiqué de presse produit des retombées hallucinantes alors qu'il s'agit d'un objet pas si simple à acheter. Il est vrai qu'il y a de quoi être fasciné par le talent d'Apple à séduire le monde entier avec sa technologie si ludique et, surtout, à créer de nouvelles façons de communiquer, de nouveaux besoins chez l'homme du 3ème millénaire.

N'empêche, je n'ai pas envie de renoncer au papier pour lire des romans, je ne crois vraiment pas être un jour tentée de céder aux sirènes de l'Ipad, même d'occase. La seule chose qui me fasse "rêver" ? Quand Larousse annonce une application "Dictionnaire de la pâtisserie" où pour éviter de salir l'Ipad, les pages de recettes défileront lorsque l'on soufflera dessus...

mardi 18 mai 2010

L'inspiration matinale

Ce matin, Michel Barnier a chatouillé mon imagination. Il faut le faire ! Grâce à lui, se sont dessinées des images de salles d’accouchement où les sages-femmes sont remplacées par de tristes huissiers, où les nourrissons sortent du ventre de leurs mères la mine contrite, leurs petits ongles mous déjà rongés. J’ai imaginé des parents inventer tous les subterfuges possibles pour que leur enfant demeure planqué, retardant autant que possible leur arrivée au monde. J’ai vu des bébés dans leurs poussettes obligés de sympathiser avec le bonhomme vert gazon de la pub, celui qui veut nous faire croire que prendre un crédit est l’une des choses marrantes de la vie.


Michel Barnier a en effet déclaré ce matin sur France Inter que chaque enfant naissant dans l’hexagone aujourd’hui avait au-dessus de la tête l’ombre noirâtre d’une dette de 20 000 euros. Déprime. C’est pourtant moins, je le déduis sans peine, qu’un nouveau-né grec ou espagnol mais tout de même ! Le pire est que si l’on table sur le fait qu’au minimum les vingt années suivantes, le mioche ne produit aucune richesse et se concentre pathétiquement sur leur petite existence, le gouffre béant de la dette s’agrandit comme l’ouvrage d’une saleté de mite dans un pull préféré.

Ce matin, Michel Barnier m’a déprimée. A-t-il supputé que l’on devrait mettre au travail ces pauvres enfants qui ont pris le pli de vivre simplement leurs tendres années, ces fainéants !

Heureusement, loin d’une interview politique d’une matinale radiophonique, les usagers du bus me réconcilièrent avec la vie. Il y avait, ce monsieur dans ma diagonale qui lisait un poche de Brèves de comptoir et qui partit tout seul dans un fou rire qui dura l’éternité ou quasi : la durée d’un feu rouge. Et puis cette ado, sosie d’Ellen Page dans Bliss et sa copine rondelette lui tenant son miroir de poche à niveau d’yeux. Elle s’appliquait consciencieusement, du haut de ses 14 ans ¾, du crayon noir à l’intérieur de l’œil, achevant en cachette d’une quelconque autorité son look de petit bout de femme sombre.

Tu as raison, profite, pensai-je, je ne te parlerai pas de la dette, ni moi, ni personne. Concentre-toi sur un détail aussi insignifiant qu’un trait de khôl. Le reste attendra.

lundi 3 mai 2010

La magie des mots

Hier, j'étais au volant d'un 4x4 des années 90 dans les sous-bois de la campagne française. Ca n'a l'air de rien mais pour une citadine convaincue, de surcroît sans permis, c'est tout de suite plus étonnant.
Ce n'est pas pourtant pas ce passage de l'anecdote le plus intéressant. Mais plutôt celui du dé vert.
Je me gargarise (surtout de l'intérieur) d'aimer les mots, d'admirer la magie qui en découlent lorsque d'habiles esprits les conduisent et les ordonnent. Mais je passe totalement à côté de certains d'entre eux. Lorsqu'ils ne m'intéressent pas, je les snobe et laisse sur le bas côté (je file la métaphore routière ici).

Lors de cette promenade à 4 roues,  résonnait à mes oreilles tout un champ lexical qui m'est peu familier. Ornières, amortisseurs, calandre, châssis... Ceux-là je les pratique fort peu mais j'en connais le sens.
Par contre... le "dé vert"... Nous roulions cahin-caha dans ce sous-bois et ce dé vert surgissait quasiment à chaque phrase prononcée par mes comparses de galère.
Je tentais autant que faire se peut de me concentrer, de ne pas trop crisper mes mains sur le volant et d'éviter les broussailles en imaginant soudain un énormé dé qu'un lutin malicieux aurait jeté au milieu de mon chemin pour barrer la route. Un énorme dé vert.

Bon, j'exagère, je n'ai jamais pensé voir apparaître pareille fantaisie et me doutais qu'il y avait derrière ce dé vert toute autre chose. Un dévers par exemple ? Mais c'était tout de suite bien moins drôle...

Dévers : inclinaison des rails dans une courbe.

Odorama

La toute première est la sienne alors que je me niche une dernière seconde contre lui.
Ensuite celle du gel douche, immédiate, intense, vivifiante, même si ce n'est pas toujours la même.
Se succèdent dans l'ordre suivant : la crème hydratante, le déodorant. Une rupture s'opère par un rapide détour en cuisine : le pain grillé tressaute et parfume la pièce de sa façon si reconnaissable.
Dentifrice. Pschit pschit de parfum.
Une heure plus tard, tandis que coulisse la porte d'un sas entre deux wagons et que s'entrouvre celle des cabinets, m'agresse l'odeur du savon liquide SNCF. Ecoeurante. Tous les TGV sont invariablement équipés de ce parfum chimique sans nul autre pareil. Je crois que mes narines seraient capables de le reconnaître entre cent et qu'il me permettrait de situer les yeux fermés le lieu où je me trouve.
Descente du TGV, bises polies et distantes à l'aftershave Boss d'un collègue.
Taxi, odeur d'humidité au coeur d'une ville où une pluie fine frappe les pavés sans discontinuer.
Salle de réunion, léger relent de renfermé.
Toilettes. Je me trompe entre le gel hydroalcoolique et le pousse-mousse. Relent de bloc opératoire.
Déjeuner autour d'une grande tablée, fumets de plats qui se mélangent sans cohérence. Arôme de cafés serrés.
Plus tard, de nouveau le savon SNCF. Rebeurk. Mon voisin de carré TGV décapsule une bière. Effluves de houblon dans le wagon.
Retour au bercail. Mes clefs tournent dans la serrure, la porte s'entrebaille et me saisit le parfum de chez moi. Cette odeur rassurante qui s'estompe pourtant quelques secondes une fois le seuil franchi...

vendredi 30 avril 2010

Carte postale écossaise

Edimbourg est une capitale étonnante en ce sens que cohabitent harmonieusement les indices d'hier comme d'aujourd'hui, vieilles pierres & topshopperies, nature & whisky.
La cornemuse résonne toute la journée le long du Royal Mile, l'artère principale de la vieille ville. Le tartan, le cachemire, la littérature, les pubs et les fantômes... Rien ne fait défaut dans le tableau qu'a pu mentalement dresser le touriste en goguette, avant d'arriver.
Porte d'entrée vers les Highlands, la cité mérite que l'on s'y attarde, dès lors qu'on apprécie la culture anglophone. Si l'âme médiévale d'Edimbourg est toujours très vivace, la cité existe aussi bien au présent qu'au passé sans verser généralement dans un folklore trop excessif.
Des quartiers moins centraux (tout est relatif, Edimbourg se parcourt bien à pied tant qu'on choisit un hébergement bien situé) que les plus pressés négligent, méritent la promenade, en particulier le Royal Botanic Garden et le Leith Walk.
A vos kilts !

Schwartz deli - oui mais...

Je crois qu'à Paris l'on affectionne particulièrement les saveurs made in USA.
C'est peut-être moins notoire que dans d'autres capitales lointaines où s'exporte à prix d'or le savoir-faire culinaire français mais nous les frenchies affectionnons burgers, cheesecakes & cherry cola.
Pulullent ainsi les adresses où dévorer les sus-cités : les deux Breakfast in America (BIA pour les afficionados) ne désemplissent pas, il faut voir la queue rue Malher le week-end pour l'obtention d'un coin de table, le H.A.N.D est l'une des tables qui fait le buzz cette saison... et le Schwartz deli aussi. Le délicatessen bénéficie d'un emplacement de choix, au coeur du Marais, lui garantissant une clientèle branchée et gourmande.
A la carte, principalement des burgers donc, du plus simple au plus élaboré, avec, bon point, deux versions végétariennes. Frites ou hashbrown en accompagnement. Et gros cornichons (éclabousseurs) en grignotage apéritif gracieusement offert.
Le steak est bon, le pain ok, les frites un peu décevantes. Les desserts sont encore un peu en dessous.
Schwartz deli récolte un 13/20.
J'avais lu que le décor sentait trop les plateaux de cinéma, se voulant près de l'ambiance du fameux Katz new yorkais. De Katz, je ne connais que les images de "When Harry met Sally". Cela ne m'a pas gêné. Certes, ça sent le neuf mais c'est plutôt bien fait.
Le contenu de l'assiette est perfectible mais pas désagréable...
Et si j'allais tester ce fameux H.A.N.D ?

mercredi 14 avril 2010

Le spectacle que je ne recommande pas

Des wap doo wap doo wap à foison, une énergie frisant l'épilepsie, des calembours filés, refilés et rerefilés, des comédiens pas si mauvais mais au jeu tellement outrancier... Je suis peut-être passée à côté de quelque chose (mais quoi ?), quoiqu'il en soit je suis sortie de la salle, comme mes comparses, littéralement saoulée par le spectacle auquel je venais d'assister.

Un peu plus d'une heure trente d'une Mégère à peu près apprivoisée qui ne m'a pas séduite du tout. Sur scène, la petite troupe prend plaisir à débiter du Shakespeare (en avalant la moitié des dialogues, svp articulez !) entremêlé de blagues potaches. C'est déjà ça, ai-je envie de dire, seulement ils donnent l'impression d'une troupe lycéenne amateur. Et là où l'on pourrait ressentir beaucoup d'indulgence et de la tendresse envers des novices débordants de pétulance, on est navré de tant de lourdeurs.

Après la Mégère que les comédiens jouent depuis 3 ans, ils s'en prennent à Roméo & Juliette dès le mois de mai. Pourquoi ? Pourquoi insister ?

Un conseil : gardez vos euros pour plusieurs VOD tranquilles chez vous, deux séances de ciné ou un concert dans une petite salle. Le seul intérêt de la soirée : poser son séant sur un fauteuil rouge élimé de la mythique salle du Splendid.

mardi 6 avril 2010

Le vieux briscard

J'aime les personnages que l'on pourrait croire extraits des pages d'un roman ou d'une pièce de théâtre. Celui avec lequel je partageais mon déjeuner en était sans conteste échappé.

Nous avions eu seulement quelques échanges téléphoniques mais je sentais poindre derrière le combiné un zeste d'excentricité et un dédain amusé des conventions. Si, si, je peux ressentir tout ça à travers un téléphone. Il faut dire que dans un univers généralement policé, la moindre pointe de subversion est une claque dans la figure.

Il avait un je ne sais quoi de Jean-Claude Brialy, peut-être le regard rieur un peu fou.
Nous l'attendions et il arriva, le sac à dos lourd de documents, une minerve au tour du cou. Il s'assit et commanda un petit blanc désaltérant tandis que face à lui nous sirotions de sages coca light.
Il se décrivit en utilisant les mots des autres : "voilà ce que je suis lorsque j'écoute autour de moi"... A nous de choisir le vrai de la rumeur infondée, semblait-il nous affirmer, goguenard.

Il dévora frites et tartare, postillonnant à tout va et évitant allégrement tout sujet trop sérieux.
L'apothéose ? Lorsqu'il extirpa de ses papiers deux feuilles au format A4 couvertes de photos.
Sur l'une le minois d'un chat. Sur l'autre, la tête d'une jument blanche passée par la fenêtre d'une maison percheronne. "Elle adore le chat et la maison et nous fait souvent pareils coucous".

Nous fîmes tout de même affaire. Au milieu de ce n'importe quoi, surgit tout de même le pourquoi de notre présence. Au milieu d'une folie douce oxygénante.

lundi 5 avril 2010

Objets inanimés, avez-vous donc... ???

Début avril, lundi férié, fêtes de Pâques, jour de brocante. On n'échappe pas aux traditions surtout lorsqu'elles sont gourmandes : oeuf, gros poisson et friture en chocolat trônent sur l'étagère du salon.

Une brocante parisienne rassemble des exposants lookés et d'autres parfois édentés et souvent parfumés aux vapeurs de Villageoise ou d'approchante piquette; des bobos à foison; des copines quinquas, habitantes du quartier qui s'offriront après leur balade entre les étals une douceur sucrée chez Moisan et un crème au Pause Café; de jeunes parents qui n'ont peur de rien et poussent leurs 3 roues mac laren parmi la foule serrée.

L'essentiel se situe dans les objets disposés dans un désordre quasi étudié. C'est ce que j'appelle le style brocante.
Certains nous fîmes nous demander si cette brocante avait de l'intérêt. Quelques exemples ? Un vieux sèche-cheveux au fil dénudé, des bijoux abîmés en très très pur toc, des livres cornés ou des revues érotiques en vrac.
Au milieu de ces riens, l'on trouva des petites perles. Comme cet album de cartes postales rempli, véritable témoignage à la fois d'une époque (la première moitié du XXème siècle) et d'une histoire personnelle. En le feuilletant, je m'amusai devant les photographies jaunies, illustrations d'un temps révolu : un jeune homme à la moustache lissée et brillante tenant entre ses mains un énorme oeuf sur lequel était inscrit en lettres élégantes un "Joyeux Pâques", de jeunes couples surjouant le sentiment amoureux pour saluer les fêtes de Noël, le printemps, les premiers congés payés. Il y avait aussi des images de ville, des monuments (le Grand Palais devant lequel circulaient des calèches)... J'aurais bien acquis cet album, en hommage à la personne qui avait passé du temps à le constituer et pour emporter des bouts de l'histoire, des histoires.
Mais la réalité me rattrapa sur ce coup là. Business is money. Le prix m'arrêta.

Un peu plus tard, ce petit miroir se retrouva sous mon nez. Impeccable et ravissant. Totalement ignare en matière de tarifs de brocante, le montant "exceptionnel, défiant tout bon sens" énoncé par le marchand finit par me convaincre. Je ne veux pas savoir si oui ou non ce fut affaire (mais je le pense, hein, quand même...). Il me plaît et peut-être encore plus que son histoire ait déjà commencé il y a quelques temps et se poursuive désormais entre nos murs.

samedi 27 mars 2010

Itinéraires

Le chemin menant jusqu'à Itinéraires, la seconde adresse parisienne de Sylvain Sendra, avait commencé pour nous par la lecture d'un billet sur le blog de la célèbre Caroline Mignot, Table à découvert.
Séduite par les mots comme par les images, désireuse de tester cette cuisine apparemment délicate et très heureusement accessible, je réservai.

Un vendredi soir, un deuxième service à 21h45, nous voici attablés ou plutôt calés chez Itinéraires.
Ma réservation tardive ne nous a peut-être pas garanti la meilleure table (certes j'ai la banquette mais la lumière au dessus de nos têtes est trop forte quand une autre partie de la salle bénéficie d'une ambiance tamisée) mais qu'importe, je ne suis pas trop compliquée quand je sais que mes papilles vont passer un réjouissant moment.
Il y a la petite ardoise du jour et une courte carte. Le personnel, il faut le souligner, est souriant et aux petits soins. Nous partageons une entrée à l'intitulé trop long (il en va de même pour toute le menu) pour avoir été retenu et retranscrit ici mais en résumé un foie gras mi-cuit glacé à la betterave, avec des noisettes caramélisées (noisettes que les Sendra doivent affectionner car Mme Mignot les évoquaient déjà dans son billet de septembre et j'en retrouvais ensuite quelques unes dans le dessert) et une tuile de pain ciabatta. Les saveurs s'harmonisent très bien, l'entrée est aussi bonne que belle. En effet, un soin particulier est apporté à la "mise en beauté" de l'assiette et chaque convive s'émerveille de l'assiette de son voisin.
Bonne idée que de proposer le soir aussi le vin au verre, idéal pour les toutes petites soifs (mais l'on peut aussi emporter sa bouteille entamée, sans complexe, c'est proposé sur la carte des vins, carte très riche soit dit en passant).
Les plats sont de très bonne facture, les quantités parfaites, les saveurs entre viandes et accompagnements bien équilibrés.
Inconvénient du second service : le dessert du jour sur lequel je louchais n'est plus proposé. Ceux à la carte font donc l'affaire, la présentation est toujours ravissante, on s'en veut presque de défaire l'architecture savante des mets. Une glace chèvre-miel  dans l'assiette de mon comparse retient tout mon intérêt.
Café, mini-financier exquis pour parfaire ce dîner.
Conclusion :
Les + : jolie révélation pour nous, une indéniable créativité dans l'assiette (et peut-être une grande passion pour les noisettes caramélisées pour M. Sendra), un service soigné et sympathique.
Les - : une trop grande proximité entre les tables (leur ancienne adresse du 12ème minuscule leur donne peut-être envie de rattraper ce manque à gagner...) en tout cas du côté où nous étions placés, un peu trop de bruit aussi peut-être (c'est une question de point de vue, au moins l'ambiance n'est pas guindée mais...).

Au final, l'envie d'y retourner pour tester le poisson, d'autres desserts, d'autres vins... Une adresse à conserver.

dimanche 21 mars 2010

Le héros blond












Enfant, je me souviens avoir regardé d'un oeil distrait des films à la télévision où Robert Redford promenait sa silhouette de beau gosse blond intelligent. Mes parents pestaient à la vue du programme : "une énième rediffusion"... mais cédaient "c'est tout de même un bon film". Robert dans les rues de New York, Boston, Chicago, Robert, directeur d'une prison, quelques images ressurgissent de ma mémoire.

Pendant la projection de The Ghost Writer, dans ma tête se superposait l'allure de Robert sur celle d'Ewan Mc Gregor. L'atmosphère du film aussi actuelle que possible (cf le rôle important joué par le GPS, les recherches du héros sur google pour ne citer que les deux premiers exemples qui me viennent à l'esprit)   me rappelait celle qui se dégageait parfois du poste du salon familial.

Une réalisation sans fioriture, aucune scène vaine, une intrigue intelligente, captivante et source de réflexion, un thriller efficace. Chapeau M. Polanski, vous m'avez rappelée M. Pollack !

Sunday lazy sunday

Silence relatif à la phase de digestion tout juste entamée. Ah... le dimanche !

vendredi 19 mars 2010

Une éducation

Carey Mulligan est la jeune sensation du red carpet du moment. Sa silhouette apparaît de plus en plus souvent entre les pages des magazines féminins et sa frimousse gagne en notoriété à vitesse grand V.

Une éducation offre à la jeune femme l'occasion de distiller une heure et demie durant sa fraîcheur. Ce film est une douceur sixties fort agréable. L'histoire n'a rien d'inédit : une adolescente plus dégourdie que la moyenne de ses congénères s'éprend d'un trentenaire au bagout irrésistible. D'une vie centrée sur les études, l'héroïne passe à un univers de luxe, de fêtes arrosées de bulles, bercée de musique classique et nourrie d'escapades impromptues. Mais l'enchantement ne dure qu'un temps. Jenny vit sa première désillusion de jeune femme et s'endurcit. Le tableau n'est pas neuf mais le traitement est très juste. Une éducation est un film plein d'esprit, les seconds rôles, Alfred Molina en tête, sont justes et l'on sent poindre, malgré le carcan des conventions inhérent à l'époque et au pays, la liberté de la femme à venir, à travers Jenny mais aussi sa mère par certaines répliques, Emma Thompson, la proviseure et Miss Stubbs, le professeur qu'admire l'adolescente.


Par la lorgnette de ce film, s'augure le meilleur pour la suite de la carrière de Mulligan.

vendredi 12 mars 2010

La Suède en commun

Un soir, cette semaine, sur les quais de la ligne 8, station Opéra, Ikéa prouva :
- que leur équipe marketing-comm était bourée d'idées
- que leurs canapés ne leur coûtaient rien pour être prêts à en exposer 8 sur un quai de métro à des usagers si nombreux
- que les investissements qu'ils ne font pas forcément dans la fabrication des canapés servent cette fois à mieux rémunérer la RATP
- qu'ils ne resteraient pas bien longtemps avec pour dernière empreinte médiatique la grève, encore fraîche, de leurs salariés.

N'empêche que l'attrait de ces canapés, posés dans une station de métro pourtant pas toujours ragoûtante, auprès des usagers semble quasi irrésistible.

lundi 8 mars 2010

Le fromagerie Ganot

L'âge a du bon. Ce week-end, j'ai fait une chose d'un genre inconcevable il y a 10 ans, ou même 5 ans. J'ai visité une fromagerie.

Il faisait froid dans la courette, la mère à la silhouette courbée et à l'accent campagnard, nous accueillit en tablier. Son grand fils assura la visite des lieux, mélange de rétro et de moderne, entre objets d'une autre époque et DVD, film témoin du déroulement de leurs journées.

J'appris plein de choses: la traite deux fois par jour, les laiteries ou les fermes, la fabrication du fromage, l'affinage, la vente des Ganot uniquement sur les marchés du coin... Ca sentait fort dans la cave aux dizaines de fromage proprement alignés. Le fils nous expliqua que l'humidité seyait à la variété des bries qu'il affinait, il ajouta "elle plaît moins à nos vieux" et je pensais à sa mère arc-boutée. Ca sentait pire dans l'autre cave réservée au plus long affinage, le brie noir. Narines chargées et doigts de pied glacés, il nous fit entrer, nous gentils urbains, dans l'espace de la vente où nous fîmes une petite dégustation, collés au petit chauffage d'appoint. Oui, nous achetâmes.
Mais comment résister ?

J'ai aimé écouté cet homme nous parler de son métier, constater le coeur et la philosophie qu'injecte cette famille à faire tourner leur cave d'affinage. J'ai aperçu de la volonté et de la détermination dans le regard de cet homme qui, à mots mesurés, sans jouer les victimes et avec une lucidité surprenante, témoigna leur passion et l'envie de faire perdurer un métier de la façon dont les siens et lui l'entendent. Ils mettent du sens dans la fabrication du fromage, sans extrême ni cliché.
Juste en diffusant auprès d'un public, certes intéressé, leur message.

mardi 23 février 2010

Le trauma impudique

Ce blog pourrait devenir la plate-forme des récits des rencontres que le quotidien me réserve...

Hier, par le hasard d'un déjeuner d'ordre professionnel, je connus une petite bonne femme surprenante dont je tairai le nom ici.
Sa bio glanée sur la toile laissait deviner un profil atypique, un tempérament original mais rien en lien avec ce qui se passa.
Confortablement installées dans un salon réservé, nous parlâmes de ce pour quoi nous étions réunies les premières minutes mais rapidement, alors qu'arrivaient à peine nos plats devant nous, la conversation glissa vers des versants plus intimes. Cette petite bonne femme (et l'expression se veut davantage tendre que condescendante) se mit à nous livrer une expérience particulièrement douloureuse de sa vie, un terrible accident qui lui avait laissé des séquelles. Aussi physiques que morales à l'écouter en parler par bribes certes mais par bribes distillées à intervalles réguliers.
Pendant l'heure et demie que nous passâmes ensemble, elle distilla détails et extraits de l'affreux moment qu'elle avait traversé deux ans plus tôt. Elle me mit dans l'inconfortable position de l'indélicat qui apprend ce qui ne le regarde pas. Comme ces gens qui observent avec une espèce de curiosité avide les accidents sur la route, eux-mêmes bien en sécurité dans leurs véhicules. Sauf que cette fois, c'est la victime elle-même qui me criait de regarder le spectacle de sa souffrance.
J'oscillais entre le malaise et l'envie d'aller dans son sens tant son besoin d'en parler était palpable.
Elle repartit, à la fin du déjeuner, repue je crois et délestée une fois de plus de sa terrible histoire. Ni cette dernière, ni son visage ne s'effaceront de sitôt de ma mémoire.

jeudi 18 février 2010

Notre petite cantine

Ca y est ! Nous l'avons dégotée ! Il est surprenant de constater que si nous aimons aller à la découverte de terres étrangères, nous sommes aussi tout fiers de dénicher à quelques pas de chez nous de bonnes adresses.

Une atmosphère tamisée, un oeuf cocotte à la crème de foie gras et ses mouillettes à la confiture de pruneaux, une musique au volume savamment dosée, un risotto aux st jacques et chorizo, une bonne bouteille de pinot noir un bavarois à la pistache et sa tuile de chocolat noir ou un pain d'épice perdu à la banane flambée au rhum : ce tout ne peut laisser de marbre les amateurs de bonne chère. Tant mieux car nous en sommes. Youpi cette adresse est toute proche, du genre de celle où l'on peut se rendre sur un coup de tête un soir de semaine.

De plus, les hôtes sont sympas : inquiets du plaisir que l'on prend - ou pas - à vider les assiettes, joliment dépareillées, mais certainement pas inquisiteurs ou "too much".

J'ai pris la petite carte. Je prends la petite carte lorsqu'un endroit m'a plu. Du pur point de vue de l'usage, c'est idiot. Car je n'ai pas besoin de petite carte si j'ai été séduite. Mais au-delà du pratique, je crois que ma raison est sentimentale. Ce mini rectangle de carton est le sésame qui me ramène en une seconde vers un bon moment.

Mention spéciale à cette carte : j'aime beaucoup le motif du papier peint (eux aussi apparemment), comme passé, qui habille également certains des murs du restaurant et la trame de leur site internet en construction :  http://www.restaurant-lesbanquettes.com/

Les banquettes, 3, rue de Prague, Paris 12è.

Mon temps de cerveau disponible

En ce moment, je lis une oeuvre qui a trop longtemps traîné sur une étagère, un livre de poche acquis un jour où une heure à perdre s'était transformée en errance dans les rayons d'un mégastore culturel.

Un roman exigeant, dense : La montagne magique de Thomas Mann. Plus de 700 pages fines recouvertes d'une police ne dépassant pas le corps 9. Les 100 premières pages sont consacrées à la première journée que le héros, Hans Castorp, passe sur cette "montagne magique".

J'ai sans doute mis du temps à me mettre à cette lecture par paresse intellectuelle. Il faut dire que je n'ai même plus l'excuse des transports, j'ai désormais le privilège d'avoir moins d'un quart d'heure de trajet pour me rendre sur mon lieu de travail. Un luxe que j'apprécie mais qui ne favorise pas le temps de cerveau disponible.

En résumé, je ne lis quasiment que pour lire même si je grapille des minutes matinales pour avoir ma dose, avant le travail.

Dans la montagne magique, il est question de bonne société, de Davos et tout cela dans un sanatorium. Je ne me suis jamais intéressée davantage que cela à ce genre de lieux et s'il me semble avoir toujours un peu su de quoi il retournait en pareils murs, ce fut toujours confusément.
Chaque matin, donc, en lisant quelques pages, je me disais que dès que le moment se présenterait, je rechercherais sur internet afin d'enrichir mes connaissances en la matière et de donner un peu plus de relief ainsi à ma lecture.
Mais chaque soir, comme je m'en fis la réflexion hier tard, j'avais oublié. La journée s'était écoulée, les événements enchaînés sans que je me penche, même très légèrement, sur la question. Je n'avais eu, entre l'instant où j'étais descendue du bus et cette pensée, aucun temps de cerveau disponible pour cela.

Cela ne me plut pas.
Alors, si ardue que puisse être cette lecture, j'ai décidé de m'y accrocher. Pour nourrir mon cerveau d'inconnu. Et parce qu'à l'heure où l'on survole beaucoup, j'ai parfois envie de creuser.

mercredi 10 février 2010

La direction de l'absurde

Les transports en commun sont un champs d'observation fabuleux...

Aujourd'hui, face à moi, se trouve un jeune homme studieux, plongé dans des copies toutes de rouge biffées. Je jette un regard sur lui. Il est à mi-chemin entre la fin de l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte. Ces traits sont fixés temporairement dans cet entre-deux, pas encore définitivement dessinés et la cicatrice qu'il porte au front suggère plus de stupides élucubrations adolescentes qu'une quelconque violence pseudo virile.
Il est très occupé en tous les cas. Un brin curieuse, je tente de déchiffrer l'écriture nerveuse qui couvre ses feuillets. Puis ma bienséance me rattrape et je détourne les yeux.
Soudain, son téléphone portable, gainé de blanc, vibre fortement. Il décroche et semble apprendre une surprenante nouvelle (non, je n'épie pas, il se trouve seulement à 50 centimètres de moi) mais rien de grave comme le suggère l'expression de son visage, lequel demeure placide.
Le ton de la conversation devient plus vif et soudain il a cette phrase : "Ne t'énerve pas ou ça va m'énerver". Quelques mots que je trouve absurdes et si communs, en même temps.

Je descends à ma station, je ne saurai jamais la fin. Je me plais à l'imaginer : agacé par l'énervement de son interlocuteur, dans un accès de colère, il raccroche sèchement, se lève, déchire ses précieuses copies en mille confettis qu'il répand rageusement dans la rame ? Il y a tout à parier que non, que ce "vieil" adolescent eut le verbe haut mais l'attitude bien sage.

Ce soir, j'allume la télé et zappe au hasard. TMC. Laurence Boccolini et Moundir. Il joue à "L'Aventurier de l'amour" face à des bimbos au sommet du cliché sur les plages de Miami. L'absurde est partout, il nous submerge !

dimanche 7 février 2010

La conversation roulante

Il y a, si je ne m'abuse et sans vouloir verser vers d'abominables raccourcis, 3 types de chauffeurs de taxi :
- ceux avec lesquels on ne cause pas.
- ceux qui partent dans des délires à la limite de l'effrayant
- ceux qui ressentent le besoin de discuter et qui ne s'en privent pas

Récemment, je suis tombée sur l'un de ceux là. Je le sentis dès les premiers instants : affable, souriant, liant, il était tout prêt à converser. Comme j'étais également de bonne humeur, je fus disposée à établir le contact et me saisis du premier sujet d'actualité pas trop polémique, traînant dans ma mémoire.

Il ne bouda pas son plaisir et nous nous lançâmes dans un échange ininterrompu, 40 minutes durant. La conversation, de fil en aiguille, prit une tournure plus personnelle et il me raconta ses projets pour les semaines suivantes : rendre sa licence de taxi parisien, quitter la région pour retourner dans son Nord natal et reprendre, avec son épouse, une boutique spécialisée dans le bien-être au coeur d'une petite galerie commerciale.

Au fur et à mesure qu'il m'expliquait tout cela, grandissait ma curiosité, je posais des questions pour en savoir davantage. Cet homme avait de quoi rendre admiratif. Une telle énergie, un tel enthousiasme néanmoins tempéré de réalisme irradiaient de lui qu'il y avait de quoi être littéralement subjugué. On ne rencontre pas tant de ce genre de tempéraments.
Sept années plus tôt, il avait quitté un poste de cadre, dédaignant pouvoir et statut social, capitaux pour tant de gens, afin de devenir taxi. Il me raconta avoir causé des réactions au mieux surprises au pire pleines de mépris chez certains de son entourage. Mais il n'en eut cure. Lui avait fait son choix, s'apercevant avec une sacrée lucidité qu'il était entrain de devenir amer, et ne le regrettait aucunement car il lui permettait quelques temps plus tard d'acquérir le magasin auquel son épouse et lui avaient maintes fois rêvé.

La course achevée, je descendis de la voiture comme rassérénée... Parfois, on se demande s'il existe une troisième voie. Ma réponse, ce jour-là, fut oui, celle empruntée par ce taxi.

jeudi 4 février 2010

In my air

Force est de constater que je suis devenue en 2009 un "frequent flyer".

J'aiguise de mois en mois ma connaissance des terminaux de Roissy Charles de Gaulle et je découvre régulièrement de nouveaux aéroports européens.
Je ne me lasse pas de faire de menues observations sur ces lieux de transits incroyables et je prête attention aux détails des vols que j'emprunte.

Quelques exemples :
- l'aéroport d'Amsterdam a un salon doté de confortables transats avec vue sur les pistes, de quoi faire patienter les passionnés d'aviation et les rêveurs. On y trouve également un magasin immense de bulbes.
- les deux terminaux de l'aéroport de Barcelone sont extrêmement éloignés l'un de l'autre et l'un des deux a une galerie marchande quasi uniquement composée de boutiques de grand luxe.
- à l'aéroport de Naples, de nombreux stands débordent de mozzarella di buffala et de parmiggiano à des prix scandaleusement élevés. D'ailleurs certaines "pièces" sont présentées dans des écrins, tels des joyaux.

Les avions sont des concentrés de vies humaines et le cadre de belles perles. Si je fus touchée par l'hôtesse qui me glissa aimablement "vous lisez un roman magnifique" en déchiffrant le titre de l'ouvrage posé sur mes genoux, je décerne ma palme personnelle à la dame qui dit à son mari, derrière moi, alors que nous survolions le nord de Paris, à quelques instants d'atterrir et en apercevant des barres d'immeubles énormes, impressionnantes vues du ciel :
"Oh, mais mon dieu, je n'en ai jamais vu de pareilles
- Oui, c'est Goussainville"
Elle de mal comprendre (à sa décharge, la pression, les oreilles, tout ça tout ça...) et de rétorque :
" Poussain-ville !! Alors là, je n'en ai jamais entendu parler !!"
Elle comprit son erreur quelques instants plus tard... seulement !

dimanche 31 janvier 2010

Le goût Genin

Le seul effort à fournir pour y avoir droit : remonter toute la rue de Turenne et faire preuve d'un poil de patience en cas de visite le week-end.

Avant d'être installé, le personnel prévenant vous indique le temps d'attente et vous offre un caramel (mangue-passion en l'occurrence, mmm !). Les hôtes ne sont pas tous pressés de vider les lieux, bien au contraire.

Dans un écrin sobre, tout de matières brutes et de blanc, Jacques Genin, fondeur en chocolat, revisite humblement les classiques de la gourmandise. Une merveille ! Tout est fait - ou presque - pour valoriser la dégustation : décor simple aux tonalités neutres, service de table d'une blancheur immaculée, serveurs vêtus de noir ou de blanc : la star est dans l'assiette et l'on se presse chez Genin pour décrocher une place assise et se taper la cloche d'un éclair au caramel ou d'un mille-feuille, monté minute comme le précise la courte carte (simple lettrage noir sur fond... blanc, bah oui, on s'en serait douté).

Un pur moment de bonheur gourmand attend le client ! Fanatique de chocolat, l'on risque d'y frôler l'extase, attention toutefois de ne pas faire d'overdose (les yeux plus gros que le ventre, je choisis chocolat chaud et pâtisserie : erreur "fatale", je ne pus vraiment faire honneur à la qualité du premier).

C'est chic et raffiné, c'est un moment d'élégance gustative que l'on vous recommande chaudement. Mini-bémol : la disposition du salon de thé n'épargne pas deux tables des courants d'air, glacés en ce mois de janvier, dus aux allers et venues de la clientèle par les portes vitrées.

jeudi 28 janvier 2010

Le film à 1000 temps

« Beauty is truth, truth beauty,-that is all Ye know on earth and all ye need to know », dixit John Keats.

Je ne vous parlerai pas d'Avatar ou de Gainsbourg, vie héroïque, les 2 films qui nourrissent généreusement les plumes de tout genre et de tout bord mais de Bright Star, vu il y a bientôt deux semaines.

Ce serait mentir que de dire que Bright Star entrera dans mon panthéon cinématographique personnel. Mais, oui mais, ce film n'était ni dénué de charme, ni d'intérêt.

Jane Campion est une femme sacrément culottée : proposer une oeuvre de 2 heures à l'intrigue bien "fine" - la rencontre amoureuse de deux adulescents, l'une fortunée, frivole, en bonne santé, l'autre fragile, chiche et inspiré (quel euphémisme)- en costumes et en langueur, est un sacré pied-de-nez à un cinéma que je ressens parfois comme "speed", haché, pressé d'en terminer.

La réalisatrice se permet le caprice de faire durer ses plans autant qu'elle le souhaite; deux me reviennent : Fanny allongée, rêvassant à son poète chétif, dans les bleuets ou la même, tourmentée par l'attente des nouvelles de l'aimé, alanguie sur son lit, la chaude brise de l'été faisant voler les voilages de sa chambre, comme si l'âme du jeune artiste venait l'effleurer.

Ces plans donnent l'impression de s'arrêter observer une toile aux milles détails. Il ne se passe que peu de choses, la fin est inexorable. Le charme omniprésent. On se laisse prendre ou pas mais la démarche de Mme Campion est salutaire.

mardi 26 janvier 2010

Le bout de salade

Il est parfois des moments où l'on se souvient que nous sommes tous assujettis aux mêmes règles ordinaires.
Un déjeuner un brin collet-monté, 2 fourchettes, 2 couteaux, 3 verres, un menu à l'encart doré, une épaisse serviette blanche amidonnée.
Des convives un peu raides, un maître de cérémonie plus à l'aise que les autres.
Des conversations sages, mesurées, des articulations soignées.
Au milieu de cet ensemble bien ordonné, un petit bout de salade se glisse au coin d'une commissure et y reste collé. Lamentablement collé.
Je pose ma question sagement, soignant mes mots, l'expression de mon visage autant que faire se peut et en guise de réponse, au-delà des paroles prononcées par mon interlocuteur de choix, surgit ce petit bout de salade aussi ridicule que gluant.
Mon regard fuit, évite, refuse la perturbation contextuelle que provoque ce petit bout de salade.
J'aimerais sourire ou encore taquiner gentiment la personne qui me fait face. Je ne peux pas.
Alors j'attends. J'écoute et j'attends.
Au bout de quelques minutes, reprend le cours normal de la situation.
Le petit bout de salade se barre.
Minuscule faille du système, ce bout de salade.

samedi 23 janvier 2010

Le manque

Il s'avère que je m'apercevais qu'un espace virtuel d'expression, aussi léger et futile puisse-t-il être, me manquait terriblement.

Alors, je finis par me décider par réouvrir les portes d'un modeste blog. Sans chichi, sans baroufe, avec pour volonté de tenir sur la longueur !

Je ne fixe aucune règle car forte de précédentes expériences, je sais que fond et forme seront amenés à évoluer. Le blog et son propriétaire forment un duo à la géométrie variable.