dimanche 31 janvier 2010

Le goût Genin

Le seul effort à fournir pour y avoir droit : remonter toute la rue de Turenne et faire preuve d'un poil de patience en cas de visite le week-end.

Avant d'être installé, le personnel prévenant vous indique le temps d'attente et vous offre un caramel (mangue-passion en l'occurrence, mmm !). Les hôtes ne sont pas tous pressés de vider les lieux, bien au contraire.

Dans un écrin sobre, tout de matières brutes et de blanc, Jacques Genin, fondeur en chocolat, revisite humblement les classiques de la gourmandise. Une merveille ! Tout est fait - ou presque - pour valoriser la dégustation : décor simple aux tonalités neutres, service de table d'une blancheur immaculée, serveurs vêtus de noir ou de blanc : la star est dans l'assiette et l'on se presse chez Genin pour décrocher une place assise et se taper la cloche d'un éclair au caramel ou d'un mille-feuille, monté minute comme le précise la courte carte (simple lettrage noir sur fond... blanc, bah oui, on s'en serait douté).

Un pur moment de bonheur gourmand attend le client ! Fanatique de chocolat, l'on risque d'y frôler l'extase, attention toutefois de ne pas faire d'overdose (les yeux plus gros que le ventre, je choisis chocolat chaud et pâtisserie : erreur "fatale", je ne pus vraiment faire honneur à la qualité du premier).

C'est chic et raffiné, c'est un moment d'élégance gustative que l'on vous recommande chaudement. Mini-bémol : la disposition du salon de thé n'épargne pas deux tables des courants d'air, glacés en ce mois de janvier, dus aux allers et venues de la clientèle par les portes vitrées.

jeudi 28 janvier 2010

Le film à 1000 temps

« Beauty is truth, truth beauty,-that is all Ye know on earth and all ye need to know », dixit John Keats.

Je ne vous parlerai pas d'Avatar ou de Gainsbourg, vie héroïque, les 2 films qui nourrissent généreusement les plumes de tout genre et de tout bord mais de Bright Star, vu il y a bientôt deux semaines.

Ce serait mentir que de dire que Bright Star entrera dans mon panthéon cinématographique personnel. Mais, oui mais, ce film n'était ni dénué de charme, ni d'intérêt.

Jane Campion est une femme sacrément culottée : proposer une oeuvre de 2 heures à l'intrigue bien "fine" - la rencontre amoureuse de deux adulescents, l'une fortunée, frivole, en bonne santé, l'autre fragile, chiche et inspiré (quel euphémisme)- en costumes et en langueur, est un sacré pied-de-nez à un cinéma que je ressens parfois comme "speed", haché, pressé d'en terminer.

La réalisatrice se permet le caprice de faire durer ses plans autant qu'elle le souhaite; deux me reviennent : Fanny allongée, rêvassant à son poète chétif, dans les bleuets ou la même, tourmentée par l'attente des nouvelles de l'aimé, alanguie sur son lit, la chaude brise de l'été faisant voler les voilages de sa chambre, comme si l'âme du jeune artiste venait l'effleurer.

Ces plans donnent l'impression de s'arrêter observer une toile aux milles détails. Il ne se passe que peu de choses, la fin est inexorable. Le charme omniprésent. On se laisse prendre ou pas mais la démarche de Mme Campion est salutaire.

mardi 26 janvier 2010

Le bout de salade

Il est parfois des moments où l'on se souvient que nous sommes tous assujettis aux mêmes règles ordinaires.
Un déjeuner un brin collet-monté, 2 fourchettes, 2 couteaux, 3 verres, un menu à l'encart doré, une épaisse serviette blanche amidonnée.
Des convives un peu raides, un maître de cérémonie plus à l'aise que les autres.
Des conversations sages, mesurées, des articulations soignées.
Au milieu de cet ensemble bien ordonné, un petit bout de salade se glisse au coin d'une commissure et y reste collé. Lamentablement collé.
Je pose ma question sagement, soignant mes mots, l'expression de mon visage autant que faire se peut et en guise de réponse, au-delà des paroles prononcées par mon interlocuteur de choix, surgit ce petit bout de salade aussi ridicule que gluant.
Mon regard fuit, évite, refuse la perturbation contextuelle que provoque ce petit bout de salade.
J'aimerais sourire ou encore taquiner gentiment la personne qui me fait face. Je ne peux pas.
Alors j'attends. J'écoute et j'attends.
Au bout de quelques minutes, reprend le cours normal de la situation.
Le petit bout de salade se barre.
Minuscule faille du système, ce bout de salade.

samedi 23 janvier 2010

Le manque

Il s'avère que je m'apercevais qu'un espace virtuel d'expression, aussi léger et futile puisse-t-il être, me manquait terriblement.

Alors, je finis par me décider par réouvrir les portes d'un modeste blog. Sans chichi, sans baroufe, avec pour volonté de tenir sur la longueur !

Je ne fixe aucune règle car forte de précédentes expériences, je sais que fond et forme seront amenés à évoluer. Le blog et son propriétaire forment un duo à la géométrie variable.