dimanche 7 février 2010

La conversation roulante

Il y a, si je ne m'abuse et sans vouloir verser vers d'abominables raccourcis, 3 types de chauffeurs de taxi :
- ceux avec lesquels on ne cause pas.
- ceux qui partent dans des délires à la limite de l'effrayant
- ceux qui ressentent le besoin de discuter et qui ne s'en privent pas

Récemment, je suis tombée sur l'un de ceux là. Je le sentis dès les premiers instants : affable, souriant, liant, il était tout prêt à converser. Comme j'étais également de bonne humeur, je fus disposée à établir le contact et me saisis du premier sujet d'actualité pas trop polémique, traînant dans ma mémoire.

Il ne bouda pas son plaisir et nous nous lançâmes dans un échange ininterrompu, 40 minutes durant. La conversation, de fil en aiguille, prit une tournure plus personnelle et il me raconta ses projets pour les semaines suivantes : rendre sa licence de taxi parisien, quitter la région pour retourner dans son Nord natal et reprendre, avec son épouse, une boutique spécialisée dans le bien-être au coeur d'une petite galerie commerciale.

Au fur et à mesure qu'il m'expliquait tout cela, grandissait ma curiosité, je posais des questions pour en savoir davantage. Cet homme avait de quoi rendre admiratif. Une telle énergie, un tel enthousiasme néanmoins tempéré de réalisme irradiaient de lui qu'il y avait de quoi être littéralement subjugué. On ne rencontre pas tant de ce genre de tempéraments.
Sept années plus tôt, il avait quitté un poste de cadre, dédaignant pouvoir et statut social, capitaux pour tant de gens, afin de devenir taxi. Il me raconta avoir causé des réactions au mieux surprises au pire pleines de mépris chez certains de son entourage. Mais il n'en eut cure. Lui avait fait son choix, s'apercevant avec une sacrée lucidité qu'il était entrain de devenir amer, et ne le regrettait aucunement car il lui permettait quelques temps plus tard d'acquérir le magasin auquel son épouse et lui avaient maintes fois rêvé.

La course achevée, je descendis de la voiture comme rassérénée... Parfois, on se demande s'il existe une troisième voie. Ma réponse, ce jour-là, fut oui, celle empruntée par ce taxi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire