samedi 27 mars 2010

Itinéraires

Le chemin menant jusqu'à Itinéraires, la seconde adresse parisienne de Sylvain Sendra, avait commencé pour nous par la lecture d'un billet sur le blog de la célèbre Caroline Mignot, Table à découvert.
Séduite par les mots comme par les images, désireuse de tester cette cuisine apparemment délicate et très heureusement accessible, je réservai.

Un vendredi soir, un deuxième service à 21h45, nous voici attablés ou plutôt calés chez Itinéraires.
Ma réservation tardive ne nous a peut-être pas garanti la meilleure table (certes j'ai la banquette mais la lumière au dessus de nos têtes est trop forte quand une autre partie de la salle bénéficie d'une ambiance tamisée) mais qu'importe, je ne suis pas trop compliquée quand je sais que mes papilles vont passer un réjouissant moment.
Il y a la petite ardoise du jour et une courte carte. Le personnel, il faut le souligner, est souriant et aux petits soins. Nous partageons une entrée à l'intitulé trop long (il en va de même pour toute le menu) pour avoir été retenu et retranscrit ici mais en résumé un foie gras mi-cuit glacé à la betterave, avec des noisettes caramélisées (noisettes que les Sendra doivent affectionner car Mme Mignot les évoquaient déjà dans son billet de septembre et j'en retrouvais ensuite quelques unes dans le dessert) et une tuile de pain ciabatta. Les saveurs s'harmonisent très bien, l'entrée est aussi bonne que belle. En effet, un soin particulier est apporté à la "mise en beauté" de l'assiette et chaque convive s'émerveille de l'assiette de son voisin.
Bonne idée que de proposer le soir aussi le vin au verre, idéal pour les toutes petites soifs (mais l'on peut aussi emporter sa bouteille entamée, sans complexe, c'est proposé sur la carte des vins, carte très riche soit dit en passant).
Les plats sont de très bonne facture, les quantités parfaites, les saveurs entre viandes et accompagnements bien équilibrés.
Inconvénient du second service : le dessert du jour sur lequel je louchais n'est plus proposé. Ceux à la carte font donc l'affaire, la présentation est toujours ravissante, on s'en veut presque de défaire l'architecture savante des mets. Une glace chèvre-miel  dans l'assiette de mon comparse retient tout mon intérêt.
Café, mini-financier exquis pour parfaire ce dîner.
Conclusion :
Les + : jolie révélation pour nous, une indéniable créativité dans l'assiette (et peut-être une grande passion pour les noisettes caramélisées pour M. Sendra), un service soigné et sympathique.
Les - : une trop grande proximité entre les tables (leur ancienne adresse du 12ème minuscule leur donne peut-être envie de rattraper ce manque à gagner...) en tout cas du côté où nous étions placés, un peu trop de bruit aussi peut-être (c'est une question de point de vue, au moins l'ambiance n'est pas guindée mais...).

Au final, l'envie d'y retourner pour tester le poisson, d'autres desserts, d'autres vins... Une adresse à conserver.

dimanche 21 mars 2010

Le héros blond












Enfant, je me souviens avoir regardé d'un oeil distrait des films à la télévision où Robert Redford promenait sa silhouette de beau gosse blond intelligent. Mes parents pestaient à la vue du programme : "une énième rediffusion"... mais cédaient "c'est tout de même un bon film". Robert dans les rues de New York, Boston, Chicago, Robert, directeur d'une prison, quelques images ressurgissent de ma mémoire.

Pendant la projection de The Ghost Writer, dans ma tête se superposait l'allure de Robert sur celle d'Ewan Mc Gregor. L'atmosphère du film aussi actuelle que possible (cf le rôle important joué par le GPS, les recherches du héros sur google pour ne citer que les deux premiers exemples qui me viennent à l'esprit)   me rappelait celle qui se dégageait parfois du poste du salon familial.

Une réalisation sans fioriture, aucune scène vaine, une intrigue intelligente, captivante et source de réflexion, un thriller efficace. Chapeau M. Polanski, vous m'avez rappelée M. Pollack !

Sunday lazy sunday

Silence relatif à la phase de digestion tout juste entamée. Ah... le dimanche !

vendredi 19 mars 2010

Une éducation

Carey Mulligan est la jeune sensation du red carpet du moment. Sa silhouette apparaît de plus en plus souvent entre les pages des magazines féminins et sa frimousse gagne en notoriété à vitesse grand V.

Une éducation offre à la jeune femme l'occasion de distiller une heure et demie durant sa fraîcheur. Ce film est une douceur sixties fort agréable. L'histoire n'a rien d'inédit : une adolescente plus dégourdie que la moyenne de ses congénères s'éprend d'un trentenaire au bagout irrésistible. D'une vie centrée sur les études, l'héroïne passe à un univers de luxe, de fêtes arrosées de bulles, bercée de musique classique et nourrie d'escapades impromptues. Mais l'enchantement ne dure qu'un temps. Jenny vit sa première désillusion de jeune femme et s'endurcit. Le tableau n'est pas neuf mais le traitement est très juste. Une éducation est un film plein d'esprit, les seconds rôles, Alfred Molina en tête, sont justes et l'on sent poindre, malgré le carcan des conventions inhérent à l'époque et au pays, la liberté de la femme à venir, à travers Jenny mais aussi sa mère par certaines répliques, Emma Thompson, la proviseure et Miss Stubbs, le professeur qu'admire l'adolescente.


Par la lorgnette de ce film, s'augure le meilleur pour la suite de la carrière de Mulligan.

vendredi 12 mars 2010

La Suède en commun

Un soir, cette semaine, sur les quais de la ligne 8, station Opéra, Ikéa prouva :
- que leur équipe marketing-comm était bourée d'idées
- que leurs canapés ne leur coûtaient rien pour être prêts à en exposer 8 sur un quai de métro à des usagers si nombreux
- que les investissements qu'ils ne font pas forcément dans la fabrication des canapés servent cette fois à mieux rémunérer la RATP
- qu'ils ne resteraient pas bien longtemps avec pour dernière empreinte médiatique la grève, encore fraîche, de leurs salariés.

N'empêche que l'attrait de ces canapés, posés dans une station de métro pourtant pas toujours ragoûtante, auprès des usagers semble quasi irrésistible.

lundi 8 mars 2010

Le fromagerie Ganot

L'âge a du bon. Ce week-end, j'ai fait une chose d'un genre inconcevable il y a 10 ans, ou même 5 ans. J'ai visité une fromagerie.

Il faisait froid dans la courette, la mère à la silhouette courbée et à l'accent campagnard, nous accueillit en tablier. Son grand fils assura la visite des lieux, mélange de rétro et de moderne, entre objets d'une autre époque et DVD, film témoin du déroulement de leurs journées.

J'appris plein de choses: la traite deux fois par jour, les laiteries ou les fermes, la fabrication du fromage, l'affinage, la vente des Ganot uniquement sur les marchés du coin... Ca sentait fort dans la cave aux dizaines de fromage proprement alignés. Le fils nous expliqua que l'humidité seyait à la variété des bries qu'il affinait, il ajouta "elle plaît moins à nos vieux" et je pensais à sa mère arc-boutée. Ca sentait pire dans l'autre cave réservée au plus long affinage, le brie noir. Narines chargées et doigts de pied glacés, il nous fit entrer, nous gentils urbains, dans l'espace de la vente où nous fîmes une petite dégustation, collés au petit chauffage d'appoint. Oui, nous achetâmes.
Mais comment résister ?

J'ai aimé écouté cet homme nous parler de son métier, constater le coeur et la philosophie qu'injecte cette famille à faire tourner leur cave d'affinage. J'ai aperçu de la volonté et de la détermination dans le regard de cet homme qui, à mots mesurés, sans jouer les victimes et avec une lucidité surprenante, témoigna leur passion et l'envie de faire perdurer un métier de la façon dont les siens et lui l'entendent. Ils mettent du sens dans la fabrication du fromage, sans extrême ni cliché.
Juste en diffusant auprès d'un public, certes intéressé, leur message.