dimanche 30 mai 2010

L'épate

Vendredi, le 28 mai 2010 était le jour de la sortie officielle en France de la dernière innovation d'Apple : l'Ipad.

Que celui qui a raté l'information se démasque ! Aucune une de quotidien n'avait fait l'impasse sir la nouvelle et radio, télé, internet n'étaient pas en reste.

Je ne suis pas la cliente potentielle d'un tel appareil. Je vois là un accessoire de luxe pour technophiles avertis et dotés de moyens adéquats. J'admire la prouesse technologique néanmoins.
L'Ipad me fait penser à un objet sorti tout droit du tournage d'un film futuriste tourné dans les années 90. Comme la machine à vernir les ongles automatique de Total Recall (on a les références qu'on peut).

Ce qui me rend très curieuse est la réussite médiatique de la chose. Les articles paraissent dans tous les supports, quelque soit leur lectorat, quelque soit leur fréquence de parution et l'on convoque des experts de tout poil à se prononcer sur l'Ipad. On prédit déjà l'ampleur des ventes pour la fin de l'année (400 000 en France). Un communiqué de presse produit des retombées hallucinantes alors qu'il s'agit d'un objet pas si simple à acheter. Il est vrai qu'il y a de quoi être fasciné par le talent d'Apple à séduire le monde entier avec sa technologie si ludique et, surtout, à créer de nouvelles façons de communiquer, de nouveaux besoins chez l'homme du 3ème millénaire.

N'empêche, je n'ai pas envie de renoncer au papier pour lire des romans, je ne crois vraiment pas être un jour tentée de céder aux sirènes de l'Ipad, même d'occase. La seule chose qui me fasse "rêver" ? Quand Larousse annonce une application "Dictionnaire de la pâtisserie" où pour éviter de salir l'Ipad, les pages de recettes défileront lorsque l'on soufflera dessus...

mardi 18 mai 2010

L'inspiration matinale

Ce matin, Michel Barnier a chatouillé mon imagination. Il faut le faire ! Grâce à lui, se sont dessinées des images de salles d’accouchement où les sages-femmes sont remplacées par de tristes huissiers, où les nourrissons sortent du ventre de leurs mères la mine contrite, leurs petits ongles mous déjà rongés. J’ai imaginé des parents inventer tous les subterfuges possibles pour que leur enfant demeure planqué, retardant autant que possible leur arrivée au monde. J’ai vu des bébés dans leurs poussettes obligés de sympathiser avec le bonhomme vert gazon de la pub, celui qui veut nous faire croire que prendre un crédit est l’une des choses marrantes de la vie.


Michel Barnier a en effet déclaré ce matin sur France Inter que chaque enfant naissant dans l’hexagone aujourd’hui avait au-dessus de la tête l’ombre noirâtre d’une dette de 20 000 euros. Déprime. C’est pourtant moins, je le déduis sans peine, qu’un nouveau-né grec ou espagnol mais tout de même ! Le pire est que si l’on table sur le fait qu’au minimum les vingt années suivantes, le mioche ne produit aucune richesse et se concentre pathétiquement sur leur petite existence, le gouffre béant de la dette s’agrandit comme l’ouvrage d’une saleté de mite dans un pull préféré.

Ce matin, Michel Barnier m’a déprimée. A-t-il supputé que l’on devrait mettre au travail ces pauvres enfants qui ont pris le pli de vivre simplement leurs tendres années, ces fainéants !

Heureusement, loin d’une interview politique d’une matinale radiophonique, les usagers du bus me réconcilièrent avec la vie. Il y avait, ce monsieur dans ma diagonale qui lisait un poche de Brèves de comptoir et qui partit tout seul dans un fou rire qui dura l’éternité ou quasi : la durée d’un feu rouge. Et puis cette ado, sosie d’Ellen Page dans Bliss et sa copine rondelette lui tenant son miroir de poche à niveau d’yeux. Elle s’appliquait consciencieusement, du haut de ses 14 ans ¾, du crayon noir à l’intérieur de l’œil, achevant en cachette d’une quelconque autorité son look de petit bout de femme sombre.

Tu as raison, profite, pensai-je, je ne te parlerai pas de la dette, ni moi, ni personne. Concentre-toi sur un détail aussi insignifiant qu’un trait de khôl. Le reste attendra.

lundi 3 mai 2010

La magie des mots

Hier, j'étais au volant d'un 4x4 des années 90 dans les sous-bois de la campagne française. Ca n'a l'air de rien mais pour une citadine convaincue, de surcroît sans permis, c'est tout de suite plus étonnant.
Ce n'est pas pourtant pas ce passage de l'anecdote le plus intéressant. Mais plutôt celui du dé vert.
Je me gargarise (surtout de l'intérieur) d'aimer les mots, d'admirer la magie qui en découlent lorsque d'habiles esprits les conduisent et les ordonnent. Mais je passe totalement à côté de certains d'entre eux. Lorsqu'ils ne m'intéressent pas, je les snobe et laisse sur le bas côté (je file la métaphore routière ici).

Lors de cette promenade à 4 roues,  résonnait à mes oreilles tout un champ lexical qui m'est peu familier. Ornières, amortisseurs, calandre, châssis... Ceux-là je les pratique fort peu mais j'en connais le sens.
Par contre... le "dé vert"... Nous roulions cahin-caha dans ce sous-bois et ce dé vert surgissait quasiment à chaque phrase prononcée par mes comparses de galère.
Je tentais autant que faire se peut de me concentrer, de ne pas trop crisper mes mains sur le volant et d'éviter les broussailles en imaginant soudain un énormé dé qu'un lutin malicieux aurait jeté au milieu de mon chemin pour barrer la route. Un énorme dé vert.

Bon, j'exagère, je n'ai jamais pensé voir apparaître pareille fantaisie et me doutais qu'il y avait derrière ce dé vert toute autre chose. Un dévers par exemple ? Mais c'était tout de suite bien moins drôle...

Dévers : inclinaison des rails dans une courbe.

Odorama

La toute première est la sienne alors que je me niche une dernière seconde contre lui.
Ensuite celle du gel douche, immédiate, intense, vivifiante, même si ce n'est pas toujours la même.
Se succèdent dans l'ordre suivant : la crème hydratante, le déodorant. Une rupture s'opère par un rapide détour en cuisine : le pain grillé tressaute et parfume la pièce de sa façon si reconnaissable.
Dentifrice. Pschit pschit de parfum.
Une heure plus tard, tandis que coulisse la porte d'un sas entre deux wagons et que s'entrouvre celle des cabinets, m'agresse l'odeur du savon liquide SNCF. Ecoeurante. Tous les TGV sont invariablement équipés de ce parfum chimique sans nul autre pareil. Je crois que mes narines seraient capables de le reconnaître entre cent et qu'il me permettrait de situer les yeux fermés le lieu où je me trouve.
Descente du TGV, bises polies et distantes à l'aftershave Boss d'un collègue.
Taxi, odeur d'humidité au coeur d'une ville où une pluie fine frappe les pavés sans discontinuer.
Salle de réunion, léger relent de renfermé.
Toilettes. Je me trompe entre le gel hydroalcoolique et le pousse-mousse. Relent de bloc opératoire.
Déjeuner autour d'une grande tablée, fumets de plats qui se mélangent sans cohérence. Arôme de cafés serrés.
Plus tard, de nouveau le savon SNCF. Rebeurk. Mon voisin de carré TGV décapsule une bière. Effluves de houblon dans le wagon.
Retour au bercail. Mes clefs tournent dans la serrure, la porte s'entrebaille et me saisit le parfum de chez moi. Cette odeur rassurante qui s'estompe pourtant quelques secondes une fois le seuil franchi...