lundi 27 septembre 2010

La grève des égoutiers

En ce lundi 27 septembre, alors qu'une ambiance studieuse et tendue planait dans nos bureaux modernes, s'installaient de l'autre côté de la rue la camionnette, les enceintes et les banderoles de la CGT des égoutiers.
Une dizaine de messieurs réunis simplement et le chant des partisans qui résonne et fait vibrer les gaines des hauts parleurs.
Il y a un gouffre béant entre nous, salariés pour la plupart hyper-éduqués et ces ouvriers. Le pénible travail que nous sommes inconsciemment bien contents qu'ils fassent ne demande pas le +5, sésame de ceux que nous sommes, de l'autre côté de la vitre. Ils se révoltent quand par chez nous, la moindre vague de rébellion est de mauvais ton.
La musique, près d'une heure durant, transperce nos parois de verre. Je vois trois personnes de l'immeuble d'en face, sortis regarder ce qui se passe. Ils fument une cigarette et entonnent les refrains populaires qui montent jusqu'aux cieux. Ils sont au 7ème, comme moi, mais de notre côté, les fenêtres ne s'ouvrent pas.
Le gouffre se matérialise soudain en cette fine paroi de verre.
Plus tard, le calme est revenu, rien que le trafic habituel et l'activité de la rue. Les égoutiers sont repartis.

dimanche 26 septembre 2010

Le Chibby's

Pas grand chose de tentant dans le réfrigérateur et pas non plus l'envie de reprendre le métro, un soir de paresse généralisée. A quelques encablûres de chez nous, Chibby's diner, un autre restaurant de burgers parisiens.

La décoration est nettement moins recherchée que chez Katz deli ou H.A.N.D, nous ne sommes pas dans les quartiers branchés parisiens et l'on sent que cet aspect des choses a nettement moins d'importance. La clientèle est hétéroclite : deux bandes de copains, des familles parisiennes bien comme il faut, mère au chic naturel "à la française", ados aux sweats américains Abercromie & Fitch, enfants blonds peignés sur le côté et un ou deux couples, dont nous deux.

La carte est un peu fouillis aussi, ce ne serait pas de trop que de leur donner quelques conseils en communication mais l'on s'en sort, nous commandons deux burgers. Le service est rapide et poli, juste ce qu'il faut. Dans l'assiette, c'est une excellente surprise ! Chaque ingrédient a du goût, la viande est juteuse sans être trop grasse, c'est très bon.

En dessert, sur la recommandation du serveur, nous partageons un milk shake beurre de cacahuète-chocolat. Raahhh... Ce n'est pas le comble de l'élégance gustative mais qu'est-ce que c'est bon !

En conclusion, une sper petite adresse de notre quartier ou pour 10 euros l'on déguste un très honnête burger.

dimanche 19 septembre 2010

Déjeuner chez Assaporare

On ne va pas chez Assaporare par hasard.
Surtout parce qu'ils ont des horaires d'ouverture impossibles et que si l'on s'y rend comme ça, au débotté, l'on risque fort de se trouver dépourvu.
On se rend chez Assaporare bien renseigné et désireux de tester une cuisine italienne simple mais goûteuse grâce à la grande qualité des ingrédients garnissant l'assiette.
Mozzarella fondante, ravioli moelleuse, involti di terra intéressante, dessert extra, une couche de chocolat, une couche de châtaigne, une couche de café... Pas trop copieux, juste ce qu'il faut. 14 euros la formule déjeuner, entrée-plat ou plat-dessert, c'est impeccable et l'on abandonne sans mal ses tickets resto sous les incantations de nos papilles séduites. Un regret seulement : cette avalanche de suppléments qui s'abattent sur l'ardoise, réduisant la formule à peu de possibles. Un défaut très parisien dans cette bonne adresse italienne.

Juliet, Naked

L'éditeur eut la bonne idée de ne pas traduire le titre du dernier opus de Nick Hornby. "Juliette, toute nue", ça n'aurait peut-être pas eu la même touche. "Juliet, Naked" est un titre quasi évident pour un auteur qui dépeint généralement les déboires des humains en soignant l'environnement musical.
Je m'amusais à scander le titre, devenu petit gimmick, "Juliet, Naked" sonne bien, 4 syllabes bien accentuées.
Il est parfois difficile de comparer deux opus d'un même auteur, en ce sens que l'on le lit à deux moments très différents de son existence. Je me souviens avoir énormément aimé "Haute Fidélité", beaucoup moins "Vous descendez", aussi, mention spéciale pour "Une éducation" dont je me suis régalée de la version cinématographique.
Nick Hornby n'est pas l'un de mes auteurs fétiches mais je lui reconnais un talent certain. Il est consensuel et ne bouleverse pas de sa prose le monde littéraire certes... mais possède un style dans lequel il excelle, un crédo : les désillusions de l'âme en musique.
"Juliet, Naked" ne déroge pas à la règle mais l'auteur, arrivé peut-être lui-même à un stade de la vie où l'on prend ce qui vient avec flegme (d'ailleurs Tucker Crowe a beau être le héros américain du roman, je lui trouve une sacrée touche britannique) le bon comme le mauvais, transmet ce calme teinté de fatalisme à l'ensemble de ces personnages. La petite galérie d'hommes et de femmes formant le noyau dur de l'intrigue, Tucker, Annie, Duncan, Jackson, Malcolm, âgée de 6 à 70 ans, semblent tous bien loin de toute dérive hystérique.
Ce sentiment  omniprésent se transforme en atmosphère teintant quasi toutes les pages du livre. "Juliet, Naked" se lit avec plaisir mais sans exaltation. On a bien sûr envie de savoir quel sort subira surtout Annie, quand on est femme peut-être. Annie, cette quadragénaire qui se réveille un peu tard d'une léthargie généralisée...Mais Nick Hornby n'offre à son héroïne que de très réalistes solutions. Peut-être est-ce mieux ainsi ?

dimanche 5 septembre 2010

Défaire ses bagages

Les vacances sont terminées et dès demain s'écrit un nouveau chapitre.
Juste le temps de défaire les bagages et d'en extraire les indices de l'été écoulé, pêle-mêle : rochers, plage, soleil, rosé, villages, baignades, voile, scooter des mers, barbecue, Verdon, desperados, nutella, crème solaire, vieilles pierres, torrent, combishort, vagues,moustiques... et méduses !

mercredi 1 septembre 2010

L'été des méduses

Drôle d'animal que la méduse, crainte par tous les estivants, qu'ils soient du genre à pratiquer de modestes trempettes ou nageurs chevronnés. Ce n'est pas bien joli, ça ne nage pas, ça flotte seulement. N'empêche que les méduses sont craintes et entretiennent nombre de discussions au bord de l'eau.

Elles font partie du tableau estival auquel je donne quelques derniers coups de pinceaux avant de retourner à mes pénates.
Les rejoignent dans le cadre les chanteurs et musiciens uniques de la côte sud-est française. A Gourdon, petit village perché sur un piton rocheux, sévit Roger Chaupin - sans doute même pas un nom d'emprunt - et devant son échoppe s'agglutinent les touristes bizarrement hypnotisés. Roger, comme le racontent les vieux articles de Var et Nice Matin scotchés sur la vitrine, est un compositeur habité. De ses observations de la nature aux alentours de Gourdon,  découlent des morceaux de synthétiseur incroyables (oui mais dans quel sens ?). Roger Chaupin vit avec son temps : après une collection de CD (Nuages, rêve, neige de leurs titres respectifs), il s'est lancé dans les DVD, plaquant sur sa musique des plans séquence des environs.
Il y aussi Claude et Marylou et leur album Naturel, dont j'imagine qu'ils ont pour idoles Sonny et Cher, Stone et Charden. Je les découvre au sortir de courses chez Leclerc, leur affiche placardée derrière les caisses du supermarché.  Je leur trouve une place dans ma peinture estivale, sans aller pourtant jusqu'à me plonger dans leur univers. Je m'en passerai, leur photo en dit suffisamment.

Un autre jour, les rejoint la dame allongée sur la banquette du TER qui longe la côte. Elle a une soixantaine d'années et l'air très fatigué. Elle a pris trois fauteuils pour s'étendre et a retiré ses sandales. Je me demande si c'est pour ne pas abîmer les fauteuils ou par confort personnel. Je me permets d'être indiscrète comme elle a les yeux clos et la regarde un peu. Il est 9 heures du matin à peine et je m'interroge sur elle... Son visage porte les rides d'une lassitude certaine.

A des kilomètres de cet épuisement, habite, perché dans un petit village qui domine la baie, un couple propriétaire d'un mas dont ils ont fait un gîte charmant, un havre de paix magnifique. Transpire de ces deux là une enviable sérénité pour la fille des villes toujours trop stressée que je suis sans doute. Ils s'habillent tous deux de couleur sable, terre, grès, beige comme pour renforcer un certain ascétisme face à la consommation et la simplicité de leur rapport à l'existence. Enfin, c'est ainsi que je l'analyse.

Dans un genre différent, il y a cet autre couple qui se marie à Gourdon le jour où l'on y passe et qui se sacrifie ainsi que ses invités à la traditionnelle séance photos dans les jardins Le Nôtre du château minuscule. Les pauvres suent à grosses gouttes et semblent empêtrés dans leurs tenues d'apparat.

Mais ce sont les méduses qui tiennent la vedette de cette riche distribution de mes vacances. Elles sont là quasi chaque jour et quand ce n'est pas le cas, on les guette prudemment. Elles ne gâchent rien tant qu'elles ne piquent pas et créent donc un sujet de conversation dans tous les cercles et entre toutes les générations.