L'âge a du bon. Ce week-end, j'ai fait une chose d'un genre inconcevable il y a 10 ans, ou même 5 ans. J'ai visité une fromagerie.
Il faisait froid dans la courette, la mère à la silhouette courbée et à l'accent campagnard, nous accueillit en tablier. Son grand fils assura la visite des lieux, mélange de rétro et de moderne, entre objets d'une autre époque et DVD, film témoin du déroulement de leurs journées.
J'appris plein de choses: la traite deux fois par jour, les laiteries ou les fermes, la fabrication du fromage, l'affinage, la vente des Ganot uniquement sur les marchés du coin... Ca sentait fort dans la cave aux dizaines de fromage proprement alignés. Le fils nous expliqua que l'humidité seyait à la variété des bries qu'il affinait, il ajouta "elle plaît moins à nos vieux" et je pensais à sa mère arc-boutée. Ca sentait pire dans l'autre cave réservée au plus long affinage, le brie noir. Narines chargées et doigts de pied glacés, il nous fit entrer, nous gentils urbains, dans l'espace de la vente où nous fîmes une petite dégustation, collés au petit chauffage d'appoint. Oui, nous achetâmes.
Mais comment résister ?
J'ai aimé écouté cet homme nous parler de son métier, constater le coeur et la philosophie qu'injecte cette famille à faire tourner leur cave d'affinage. J'ai aperçu de la volonté et de la détermination dans le regard de cet homme qui, à mots mesurés, sans jouer les victimes et avec une lucidité surprenante, témoigna leur passion et l'envie de faire perdurer un métier de la façon dont les siens et lui l'entendent. Ils mettent du sens dans la fabrication du fromage, sans extrême ni cliché.
Juste en diffusant auprès d'un public, certes intéressé, leur message.
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