mercredi 10 février 2010

La direction de l'absurde

Les transports en commun sont un champs d'observation fabuleux...

Aujourd'hui, face à moi, se trouve un jeune homme studieux, plongé dans des copies toutes de rouge biffées. Je jette un regard sur lui. Il est à mi-chemin entre la fin de l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte. Ces traits sont fixés temporairement dans cet entre-deux, pas encore définitivement dessinés et la cicatrice qu'il porte au front suggère plus de stupides élucubrations adolescentes qu'une quelconque violence pseudo virile.
Il est très occupé en tous les cas. Un brin curieuse, je tente de déchiffrer l'écriture nerveuse qui couvre ses feuillets. Puis ma bienséance me rattrape et je détourne les yeux.
Soudain, son téléphone portable, gainé de blanc, vibre fortement. Il décroche et semble apprendre une surprenante nouvelle (non, je n'épie pas, il se trouve seulement à 50 centimètres de moi) mais rien de grave comme le suggère l'expression de son visage, lequel demeure placide.
Le ton de la conversation devient plus vif et soudain il a cette phrase : "Ne t'énerve pas ou ça va m'énerver". Quelques mots que je trouve absurdes et si communs, en même temps.

Je descends à ma station, je ne saurai jamais la fin. Je me plais à l'imaginer : agacé par l'énervement de son interlocuteur, dans un accès de colère, il raccroche sèchement, se lève, déchire ses précieuses copies en mille confettis qu'il répand rageusement dans la rame ? Il y a tout à parier que non, que ce "vieil" adolescent eut le verbe haut mais l'attitude bien sage.

Ce soir, j'allume la télé et zappe au hasard. TMC. Laurence Boccolini et Moundir. Il joue à "L'Aventurier de l'amour" face à des bimbos au sommet du cliché sur les plages de Miami. L'absurde est partout, il nous submerge !

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